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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/154

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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

ride, ces pages stoïques du grand Normand. Elles les surprendront par l’éternelle nouveauté, l’immortelle fraîcheur des vrais chefs-d’œuvre. Elles leur rendront cet entrain à l’acte que le flaubertisme nous avait ravi, cette lucidité d’âme dont le romantisme avait frustré nos pères !

Nous voilà au terme de cette rapide et incomplète revue de la courbe littéraire du XIXe siècle, inférieure, sur tant de points, à celle du XVIIIe, bien davantage encore à celle du XVIIe et du XVIe, où le bon sens, l’imagination et le langage brillent d’un éclat qui n’a jamais, depuis, été égalé. Cela, dans tous les genres et dans tous les domaines. L’accès de fièvre romantique et révolutionnaire, qui parcourt le XIXe siècle dans sa longueur, a pu faire illusion, pendant un temps, aux contemporains, atteints eux-mêmes par cette épidémie intellectuelle, dont fait partie un orgueil sans limites. Il ne saurait jeter même poudre brillante aux yeux de la postérité, qui compare et qui juge. Commencé dans la contemplation vaniteuse et morose du moi, le romantisme a continué dans le débordement des passions et de l’instinct et dans l’appauvrissement [par excès] du vocabulaire. Passions affectées. Instinct plat. Il a abouti à la scatologie naturaliste et aux balbutiements du symbolisme à remontoir, à la dilution de la fantaisie dans le calembour et la calembredaine.

Une telle déchéance, quand elle existe, n’est jamais limitée aux lettres seules. L’avilissant troupeau, dont nous avons parlé, — (et qui fausse les