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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/176

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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

rares et superficielles allusions, ainsi d’ailleurs qu’à Descartes et à Pascal.

De là le barbotage philosophique et la carence métaphysique, qui vont de 1789 à 1914, en dépit d’une bibliothèque considérable, mais dont le résidu utile tiendrait dans le creux de la main. La préoccupation essentielle de l’Université française, qui dispense la philosophie officielle, paraît avoir été, à partir de 1850 (Empire et République), de diminuer ou d’annihiler la notion du divin, ce soleil de l’intelligence humaine, autour duquel tout gravite. De la diminuer ou annihiler, cette notion, soit par le doute systématique, mais terriblement étriqué d’un Renan, qui ne doute jamais de son doute, comme son maître Montaigne. Soit par la controverse biologique et évolutionniste. Soit par la controverse déterministe. Soit par la controverse criticiste. Soit par la controverse pragmatiste. Je ne cite pas ici, je néglige les lubies accessoires, qui se greffèrent, de dix en dix ans, sur ces engouements et fanatismes plus stables.

On aurait pu craindre que ce barbotage et cette carence atteignissent à la fin le bon sens national, en altérant jusqu’à l’appétit d’une vérité claire, qui est la caractéristique mentale du Français. Il n’en a rien été. L’immense épreuve de 1914 a trouvé des millions d’hommes faits et de jeunes gens, nourris de ces insanités dangereuses, fermes cependant devant la mort, pleinement conscients de leur sacrifice et de sa nécessité. Ce bien de la vie, qu’on leur représentait comme le seul, dont on leur masquait la fra-