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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/181

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AFFAISSEMENT DE LA FAMILLE ET DES MŒURS.

comme si on voulait guérir l’atrophie musculaire progressive, ou les douleurs fulgurantes de l’ataxie, en partant des muscles et nerfs des membres, au lieu de s’adresser d’abord à la moelle épinière, dont la sclérose amène ces altérations nerveuses périphériques. C’est Maurras qui a relevé cette vérité si simple, méconnue chez nous depuis cent trente ans.

La famille française, au cours des âges, et au témoignage de tous les historiens, chroniqueurs et mémorialistes, avait toujours été exceptionnellement saine et forte. Le régime monarchique en était la cause, qui dispensait à l’architecture sociale (voir notamment les ouvrages de Funck Brentano) les bienfaits d’une conception politique paterfamiliale. Des sentiments religieux fortement ancrés, des traditions de vertu et d’économie domestique, le respect profond de la mère et de la femme, le droit d’aînesse suppléant la paternité en cas de défaillance, une éducation sage et suffisamment rigoureuse, une instruction saine et nourrie par l’exemple, tenaient la famille française à l’écart des secousses inévitables, et d’ailleurs peu profondes, de l’État monarchique. La Révolution d’abord, ensuite l’extension et le développement de la grande industrie, sans contrepoids ni régulateur politiques, changèrent tout cela, à notre détriment. Le législatif (privé du Souverain qui seul donne la prévision, la continuité et l’équilibre) sous l’effort des « philosophes » encyclopédistes et des pseudo métaphysiciens allemands (id est protestants) abandonna et méprisa la