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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/257

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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

du singe à l’homme, des intermédiaires nombreux existeraient dans diverses contrées du globe. Pourquoi et comment auraient-ils précisément disparu ? A priori, le schéma dressé par Darwin et ses successeurs n’est qu’un schéma, c’est-à-dire une supposition linéaire, et prétendue commode, en présence de l’infinie complexité des formes et des ressources de la vie. Enfin, quiconque réfléchit est frappé de la pauvreté de conception de la sélection sexuelle et de la lutte pour la vie, comme agents principaux du prétendu transformisme. Ce ne sont là que deux procédés, entre les très nombreux procédés de la nature (connus et supposés) pour amener, soit une transformation, soit une stabilisation des êtres vivants. Non seulement le passage de l’inanimé à l’animé, l’origine matérielle de l’animé, demeurent environnés d’un mystère total, mais encore les plis de passage, si passage il y eut, d’une catégorie de l’animé à l’autre sont complètement ignorés de nous. Que reste-t-il, dans ces conditions, de l’explication évolutive, quant à l’échelle des êtres et quant à son aboutissement présumé, l’homme, si ce n’est une immense infatuation, généralisée à toute une époque ?

À quoi tenait cette infatuation ?

À l’absence d’une métaphysique véritable, qui eût permis, en quelque sorte, de faire le pont entre la théologie et la science, à son remplacement par l’embrouillamini initial et kantien (lui-même fils de la Réforme) entre la chambre métaphysique de l’esprit et sa serrure.