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dix-huitième runo

le navire formé de cent planches sur le golfe de Lempi. Le navire rayonne de vadmel, la moitié du navire brille d’une teinte rouge. Un homme de belle prestance se tient à l’arrière, dirigeant le gouvernail de cuivre. Elles voient aussi un cheval bondissant, un rouge traîneau, un traîneau peint de diverses couleurs, lancé à toute vitesse sur la route de l’île de Sima. Six coucous d’or chantent sur l’arc du collier, six oiseaux bleus chantent sur le train ; un homme magnifique se tient derrière le traîneau, un héros accompli gouverne les rênes.

La mère de famille de Pohjola dit : « Auquel des deux voudras-tu te donner, lorsqu’ils viendront te demander pour leur amie éternelle, pour la colombe roucoulante à leur côté ?

« Celui qui vient avec le navire, celui qui dirige le rouge bateau sur le golfe de Lempi, est le vieux Wäinämöinen. Il apporte une cargaison de grains, il apporte des trésors.

« Celui qui conduit le beau traîneau, le traîneau peint de diverses couleurs, sur la route de l’île de Sima est le forgeron Ilmarinen. Il apporte avec lui de purs mensonges ; son traîneau est plein de magiques runot.

« Quand nous serons rentrées à la maison, prends un pot d’hydromel et présente-le à celui auquel il te conviendra de te donner ; présente-le au vieillard de Wäinölä, car il apporte de bonnes choses dans son navire, il apporte des trésors dans son bateau. »

La belle jeune fille de Pohja fut assez avisée pour répondre ainsi : « Ô ma mère, toi qui m’as portée dans ton sein, toi qui as pris soin de mon enfance, je ne veux point me donner à celui qui est richement pourvu, ni à l’homme de grande sagesse ; je me donnerai à celui qui a un beau front, à celui qui est beau dans tout son corps. Aucune jeune fille n’a encore été vendue pour une cargaison de grains ; on doit la donner pour rien au forgeron Ilmarinen, à celui qui a forgé Le Sampo, qui a façonné à coups de marteau le beau couvercle. »