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Page:L’Écho foutromane, 1880.djvu/95

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  Vivoit depuis quinze ou seize ans,
La nièce de Robert que l’on nommoit Laurence.

Ses yeux n’étoient point beaux, son teint n’étoit point blanc,

Sa taille étoit très forte, et son front un peu grand.
 Et cependant sa démarche légère,
 Son air content invitoit au plaisir,
 Elle allumoit certain désir de plaire,
 Que l’on pourroit d’un seul mot définir,
 Si l’on faisoit tout ce qu’on pourroit faire.
 Vivoit aussi dans la même maison,
Le neveu de Robert : c’étoit un gros garçon,
 Large d’épaule et bien pris dans sa taille.
Un soir qu’on finissoit d’enfermer la moisson.
Laurence et son cousin assis sur de la paille
Convoitoient les trésors qu’ils venoient de serrer.
Disant : — Si nous avions tout ce gain en partage,
  Bientôt un heureux mariage…
L’hymen est le seul Dieu qu’une fille à cet âge
  Se presse toujours d’implorer.
 — Qui prendrois-tu, Laurence, si ton père
Laissoit errer tes vœux sur le choix d’un mari ?
Je voudrois, répond-elle, un jeune homme sincère,
Dans lequel je trouvasse un amant, un ami,
  Et qui sauroit assez me plaire,