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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/103

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L’ÉTOURDI.


pudence à l’Officier de garde qui me fit arrêter au moment où je faiſais le tour de la ſalle du bal en chantant eh ! qui veut voir la piece curieuſe, la rareté, la beauté !

Je me fis reconnaître ; l’on m’ordonna les arrêts. Je fus dans ma chambre, où réfléchiſſant ſur les ſuites que pourait avoir cette poliſſonnerie, je m’occupai pendant la nuit à peindre ſur du carton ce que j’avais montré au bal, & je formai la réſolution de nier qu’on eût vu l’original de mon tableau, ſuppoſé qu’on voulut m’en faire un crime.

Ce que j’avais prévu arriva. Le lendemain du bal, les Chefs du régiment me reprocherent vivement mon étourderie. Je me juſtifiai en leur montrant ce que j’avais deſſiné, & en les aſſurant que c’était là ce qu’on avait vu. Ils rirent de la mépriſe de ces Dames, & furent les arracher à leur erreur. Elles en reviennent, s’intéreſſent à ma liberté. Je ſuis prêt d’en jouir, lorſque le Parlement demande que je lui ſois remis, ou que le régiment réponde de ma perſonne qui ſera repréſentée toutes & quantes fois la Cour le réquerra,