Aller au contenu

Page:L’Étourdi, 1784.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
L’ÉTOURDI.


rendit malade. S’il eſt juſte que les charmes & la beauté ne ſoient point un préſervatif contre le poiſon de la débauche, ne ſerait-il pas juſte également, que le ſentiment ſervit d’égide aux femmes qui ſuccombent moins au goût du plaiſir qu’au penchant de leur cœur ? Combien d’infortunées qui, entrainées dans leur chute par le poids de leur amour, ne s’en relevent que les larmes aux yeux, au lieu qu’elles ne devroient s’en rappeller que par le plus agréable des ſouvenirs.

Ma maladie était de celles qui attaquent dans la ſource de la vie & des plaiſirs. Je la communiquai à ma maîtreſſe : elle m’en fit des reproches ſanglans, & me peignit, avec tant d’éloquence, l’état triſte où elle ſerait réduite, ſi elle tranſmettait mes dons à ſon mari, que je lui promis de remédier à tout.

Son mari était abſent depuis quelque temps ; il était amoureux de la femme, contre tout uſage qui défend aux maris d’aimer celles à qui ils ſont unis par le Sacrement. Contre tout uſage encore,