Aller au contenu

Page:L’Étourdi, 1784.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
L’ÉTOURDI.


ſa honteuſe facilité était une éponge qui effaçait à mes yeux tout ce qu’elle pouvait avoir d’aimable. Un peu d’obſtacle eſt néceſſaire aux deſirs ; Ils n’ont jamais été pour moi qu’un encouragement de plus ; quelquefois même pour me faire une paſſion d’un mouvement qui, s’il n’eût pas été contrarié, aurait été auſſi paſſager qu’il était faible dans ſa naiſſance ; il a ſuffi qu’on m’en ſuſcitât.

Enfin appercevant que je ne devenais jamais plus entreprenant, & ne voulant ou ne pouvant plus ſe contraindre, Madame de Marſanges m’écrivit une belle lettre pleine de tendreſſe, & du tableau des plaiſirs que procure l’amour.

Cette démarche de ſa part acheva de me révolter contre elle, en me montrant toute la baſſeſſe de ſes ſentimens. Je lui répondis „ que la différence que j’avais toujours mis entre un engagement où la volupté couronnait l’amour de l’amant délicat, & ce vil commerce qui ne fait que répéter la ſcene des plaiſirs ſans offrir jamais