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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/235

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L’ÉTOURDI.


douleur de ſœur Urſule n’était pas moindre, elle l’aggravait encore par les noires réflexions dont elle ſe nourriſſait. Cette aimable nonne, en tachant de me conſoler par l’eſpoir de quelque événement heureux qui pourait mettre des obſtacles aux vœux que j’allais bientôt faire contre mon gré, ſe pénétrait davantage du poiſon mortel qui la dévorait, en ſe rappelant qu’elle avait prononcé ce ſerment terrible que rien ne peut révoquer.

Éloignée de l’objet de ſes affections, rongée par la paſſion qu’elle avait conçue pour votre camarade, ayant entrevu les plaiſirs qu’on goute dans le monde, ſœur Urſule ne put ſe ſoumettre à ſa deſtinée. Elle appelait la mort à grands, cris, & malgré qu’elle avançât à grands pas, elle était encore trop lente au gré de ſes deſirs. Enfin que vous dirais-je ? Je veux finir un tableau que je ne me rappelle qu’avec horreur. Sœur Urſule expira dans mes bras, en élevant les ſiens vers le ciel. Mes cris, mes gémiſſemens, apprirent bien vite à tout le couvent que je n’avais plus