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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/270

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L’ÉTOURDI.

Tous les gens comme il faut des villes & châteaux voiſins vinrent partager nos plaiſirs & rendre brillans les bals qui ſuivaient chaque repréſentation, & qui durerent juſques à ce temps que l’Égliſe a jugé à propos de deſtiner au jeûne & à la pénitence.

Une jeune perſonne élevée par ſa mere, & dans un vieux château, venait réguliérement à nos repréſentations : elle prit tant de goût pour ce paſſe-temps, qu’elle avait appris pluſieurs rôles tendres. Sa mere, à qui elle les avait répété, en était enchantée ; auſſi la bonne femme me pria-t-elle de vouloir faire quelquefois répéter ſa fille qui, de ſon côté, m’en ſollicitait de ſi bonne grace avec des yeux ſi plein de feu & de deſir, que je ne pus me refuſer à ce qu’on demandait.

Comme le château n’eſt qu’à quelques lieux de la ville, j’y allais quelquefois dîner ; & c’était ordinairement après le dîner que la jeune perſonne commençait la répétition. Elle jouait toujours les amoureuſes & moi, par conſéquent, les amoureux. Ces rôles