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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/289

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L’ÉTOURDI.


que ſon âge lui donnait d’être jaloux & par conſéquent déplaiſant.

Je cherchai, comme tu te l’imagines bien, à obtenir ce qu’elle n’avait jamais voulu m’accorder au couvent ; mais elle ne voulait point ſe départir de ſes principes, & je crois qu’elle ne s’en ſerait jamais écartée, malgré mes ſollicitations, & même celles de ſa ſœur que mon frere comme de raiſon, avait engagée de parler en ma faveur, ſi ſon vieux jaloux n’eût travaillé pour mes plaiſirs, en voulant trop contrarier ceux de ſa femme, en lui faiſant la cruauté de s’oppoſer à ce qu’elle fût chez une de ſes parentes & de ſes amies, à une aſſemblée qu’elle avait accepté, ne prévoyant pas que ſon tyran dût la refuſer, & cela d’une façon ſi impérieuſe, que toute jolie femme qu’elle était, elle n’eut rien à répondre. Elle renferma ſon chagrin avec tout le ſoin poſſible, & en apparence ſoupa de fort bon appétit vis-à-vis de ſon loup garou. Il n’avait pas coutume de mettre beaucoup d’intervalle entre le repas et le coucher. Sa frugalité obviait à ſes in-