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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/50

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L’ÉTOURDI.


en furie, rejailliſſait juſques ſur ſes habits. Mon prudent frere, perſuadé que c’eſt irriter la colere que de vouloir en modérer les feux dans les momens où elle eſt la plus violente, y oppoſa le ſilence le plus profond, & ne le rompit, lorſqu’il s’apperçut que mes tranſports étaient un peu calmés, que pour me dire avec ce flegme qui lui eſt ordinaire, & qui n’en eſt pas moins rare. Vous êtes un étourdi ; réfléchiſſez ſur vos écarts & vos folies… Il ſortit.

Tu frémis Deſpras ; tu m’appelles monſtre, aſſaſſin, fratricide. Je mérite tous ces noms & tes reproches ne peuvent égaler mon repentir.

Après cette belle incartade, je reconnus mon injuſtice ; j’eus honte de mes emportemens ; je rougis de mes faibleſſes & de mes ſoupçons ; mais je ne m’en trouvais pas moins paſſionné pour Madame de Larba. Je fus chez elle reſter toute la journée qu’elle employa à ramener mon eſprit égaré, & à me déterminer de réparer l’étourderie que je venais de faire.

Partez, me dit-elle, partez, trop ten-

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