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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/94

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L’ÉTOURDI.


un inſtant toutes les horreurs du ſuplice de Tantale. J’allais me livrer au plus affreux déſeſpoir, lorſque je m’aviſai de tourner la cruauté de mon ſort au profit de mes plaiſirs, je déshabillai moi-même ma belle maîtreſſe, & par mille attouchemens & mille baiſers répandus ſur tout ſes charmes, je la préparai à la céleſte félicité.

Tantôt ; c’était mes levres qui s’imprimaient ſur une gorge qu’une reſpiration embarraſſée & des ſoupirs brûlans faiſaient lever. Tantôt c’était une main entreprenante qui faiſait changer de couleur à un genou d’ivoire, tantôt… Mais le courage eſt revenu, le trait part, vole, atteint le ſiege du plaiſir, & arrache, par la bleſſure qu’il y fait quelques pleurs à ſœur Urſule, juſques à ce qu’un feu plus rapide que l’éclair, courut de veine en veine, ébranler ſon ame, & la plonger dans une extaſe voluptueuſe que je partageais.

En ſortant de cette premiere ivreſſe, je me trouvai dans ſes bras, étroitement ſerré, & ſes regards qui n’étaient plus pleins que de feu, & humides de de-

  Tome I. Partie I.
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