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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/137

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

À cause des femmes mariées,
S’en est allé, on peut le dire, tout en détresse.

Il n’est même plus l’ombre de lui-même ;
Les maisons sont désertes et abandonnées,
À peine trouve-t-on quatre désespérées
Qui se meurent de faim, sous ce ciel.

Quelle ruine est-ce là ! Un pauvre diable,
Qui a envie de donner une saccade,
Ne sait à cette heure où fourrer son cas ;

S’il s’en va chez quelque femme mariée,
Et qu’il veuille en tirer quelque petit plaisir,
Elle le lui fait, par Dieu ! payer salé.


RÉPONSE D’UNE FILLETTE À SA MÈRE

« Vous avez raison de me dire, signora ma mère,
« Que je me fasse Nonne ; vous avez raison
« De me dépeindre le monde comme peu bon,
« Plein d’embûches et d’amères misères.

« Savez-vous qu’en cela vous êtes des peu nombreuses
« Qui aujourd’hui donnent de ces leçons à leurs filles ?
« Mais vous-même, avec ces admonestations,
« Vous vous êtes faite Nonne avec mon signor père.

« Me cloîtrer serait chose excellente,
« Que dis-je ? une sainte et fort sage conduite,
« Qui ferait le salut de ma personne ;

« Mais je vous réponds franchement tout de suite :