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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/158

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Tel se plaint d’avoir, le soir,
Perdu tout l’argent de son mois,
Et une pucelle se désespère
De ce qu’on lui a cassé sa cruche.

Tous ces accidents sont les fruits
Du Carnaval passé,
Et qui sait à combien de garçons
A été défoncée la cible.

On saurait également,
En visitant ces couvents,
Combien de moines par la voie de derrière
Ont attrapé des écoulements.

Il en est qui rêvent au lit
Parce qu’ils ont la bourse vide,
Et songent à aller au Ghetto
Mettre en gage leur domino.

Tel soupire après quelque femme,
D’avoir perdu l’occasion
De plus jamais patiner sa moniche,
À la Redoute, en un petit coin.

Enfin je vois beaucoup de personnes
Désespérées, par la ville,
De ne pouvoir aller chez les femmes,
Parce qu’on ne va plus en masque ;

Puis, de chambrières toute une file
Je vois pleurer à chaudes larmes,
De ce que, dans les baraques,
Elles ne peuvent plus branler l’oiseau.