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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/175

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Être honnête en toutes les occasions,
Ne pas frapper avec armes ou bâtons
Les hommes, si chenapans qu’ils soient,
Et rendre à chacun le sien, quand il a bon droit.

Pour moi, ces trois choses je sais les faire ;
À qui que ce soit, jamais je ne donne ennui,
Et je n’aime pas à coïonner le prochain.

Avec honnêteté je prends tous mes plaisirs,
Et comme à chacun il faut rendre son dû,
Pour cette raison je donne le cas à la femme.


TOUT EST BIEN, EXCEPTÉ L’ÉGLISE

Toute chose me semble très bien entendue
En ce bas monde, et faite avec raison :
je n’en excepte que la maison d’oraison,
Autrement dite la sainte église.

Pour celle-là, certes, il n’est point de défense ;
On ne pouvait faire, à mon opinion,
Une plus triste, plus misérable habitation,
Pour que la vie nous fût encore plus pesante.

En tous les autres lieux, finalement,
Si l’on dépense, on en remporte quelque chose ;
À l’église on vous pèle sans vous donner rien.

Tous les objets que l’on y voit vous épouvantent ;
Suffit de dire que là, continuellement,
On vous dépouille, on vous effraye, on vous enterre.