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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/19

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INTRODUCTION

l’occasion et plus souvent encore l’envie. De l’amour il ne connut pas seulement le physique. Il délaisse quelquefois il sior cazzo et la siora mona pour pétrarquiser.

Et le Baffo n’est pas ridicule du tout dans ce sonnet écrit à l’occasion d’un projet de mariage et dans lequel il se montre tremblant d’amour :

À une femme il me semble ne plus penser,
Et quand je ne suis pas avec elle, je suis mort ;
Il me semble que je ne songe plus à entrer au port,
Et puis je ferais tout pour y entrer.

Il ne me déplaît pas de rester loin d’elle,
Et toujours je la porte écrite dans mon cœur ;
Je ne songe pas du tout à aller dans son jardin,
Et puis je voudrais respirer ses fleurs.

Qu’est-ce donc que ce contraste que j’éprouve ?
Si ce n’est pas l’amour, pourquoi courir après ?
Et si c’est de l’amour, pourquoi rester en place ?

Je n’y entends goutte, par Dieu !
Et je crois vraiment que c’est un œuf :
Je le voudrais par un bout, puis par l’autre.

Le caractère de Baffo était fait d’urbanité et de pudeur. On ne l’entendait jamais employer un terme grossier, c’est ce qui a fait dire à Ginguené que Baffo « parlait comme une vierge et écrivait comme un satyre. »

Casanova de Seingalt le connut à Venise, dans sa jeunesse, et l’on a pensé que la beauté de la mère de Casanova, qui était comédienne, attirait le Baffo que