Aller au contenu

Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

SUR LA MOLLESSE DES VÉNITIENS

S’en vont s’éteignant tant de gros richards,
Et s’accroît chaque jour la pauvreté ;
Les grands esprits manquent de plus en plus,
Et il ne reste chez nous que les coïons.

Si de tant de grands politiques
Nous n’avons plus maintenant que le résidu,
Les coïons sont en telle quantité,
Qu’ils dépassent le petit nombre des bons.

On ne pense qu’à la paresse, au luxe, au jeu,
Et les livres que l’on étudie sur le soir,
Ce sont paquets de cartes ou manuels de cuisine.

Il n’y a plus du tout de gens de guerre,
Ou, s’il y en a, ils n’ont jamais vu le feu ;
Comment pourrons-nous durer de cette manière ?


SUR LES JOUEURS À LA LOTERIE

Combien d’imbéciles se sont réduits
À ne manger tous les jours que de la polenta,
À souffrir cent incommodités qui les tourmentent,
Pour jouer chaque jour leurs sous à la loterie !

Ils s’en vont au grand trot à la boutique,
Si une cabale, un songe les excite,
Superstition qui leur porte le dernier coup,
Et les met bientôt le cul par terre.