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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/254

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Alors qu’ils n’ont ni bourses ni oiseau,
Et pas davantage de femmes à baiser.

Sans la grande jouissance de jouir,
Et je ne sache pas qu’il y en ait de plus grande,
Car rien qu’en y songeant tout mon poil se hérisse,
Comment peuvent-ils vivre éternellement.

Mais avec ma pensée je m’élance plus loin,
Et je dis : Dieu est le Monde, et de ce Dieu
Nous sommes tous ici-bas une partie ;

Donc lorsque mon cas est en train de foutre,
Et que continuellement foutent tant de gens,
Dieu lui-même fout et les Saints le suivent.


POST MORTEM NULLA VOLUPTAS

Nous sommes tous nés à l’aventure,
Et une fois morts, comme si jamais
Nous n’eussions existé au monde,
Nous resterons éternellement dans le tombeau.

Notre âme est une pure flamme,
Et lorsqu’en cendre les corps seront réduits,
Même ceux qu’on aura salés s’évanouiront,
Et perdront tout à fait leur nature.

Jouissons toutefois du bien présent,
Hâtons-nous de goûter tous les bonheurs,
Et buvons les vins les plus exquis.

Des baumes odorants, parfumons-nous