Aller au contenu

Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Et faisaient toutes les stations
Pour gagner le saint Pardon.

L’Ogre ou l’Esprit follet
De frayeur les faisait trembler,
Et le soir, en allant au lit,
Elles se faisaient mille croix.

Aujourd’hui il n’y a plus tant
De dévotion ni de rosaires ;
Au col plus d’objets bénits,
Plus de cilice sur la poitrine ;

Il n’y a plus de scrupuleuses
Qui à leur lit accrochent des Saints,
Aujourd’hui plus d’autres croix
Que la croix de diamants.

Les suffrages sont réduits à rien,
Parce qu’elles ne s’y remarquent plus,
Et les saintes boutiques
En ont reçu un fier coup.

Elles n’ont plus sur leurs chevets
De ces petits livres dévots,
Et je crois bien qu’avec eux
Elles se font des papillotes.

À présent leur profession
Est de lire par passe-temps
Outre les livres de Voltaire,
La Puttana de l’Arétin.

Toutes elles sont philosophes
S’en tiennent au matériel,