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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/263

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

N’avait pas sous le bras
Sa putain et son poignard.

N’était pas un galant homme,
N’entrait pas dans la bonne société,
Quiconque n’avait pas de chiens,
Soit de chasse, soit pour taureaux ;

Quiconque ne sait en barque
Ramer comme les barcarols,
Ou n’allait chez Isaac
Mettre en gage ses manteaux.

Les boutiques de café
Étaient autant d’écuries,
Il n’y allait que laquais
Tenant en mains leurs juments.

Mille sordides saletés
Se jouaient sur les théâtres,
Et il y avait là toute une crapule
De chenapans, qui fumaient.

On jouait partout,
Sur les tréteaux, à Carampana,
Et la Redoute était un grand nid
De ruffians et de putains.

Tout aujourd’hui a été réglé ;
La Comédie, le Carnaval,
Vous semblent, tant ils sont honnêtes,
Autant d’écoles de morale.

Les boutiques de café
Sont aujourd’hui toutes bien tenues,