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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/266

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Mon vit soit mou comme de l’huile,
Et que je ne puisse plus le mettre.

Aujourd’hui que tout est beau,
Qu’on mange plus luxueusement,
Mon oiseau ne bande plus,
Et je n’ai plus d’appétit.

Lorsque j’avais si grand faim,
On ne mangeait que fort mal,
Et il n’y avait pas tant de femmes,
Alors que mon cas était roide.

C’est une grande disgrâce,
Me dis-je en mon for intérieur,
Et je suis, à mener cette vie,
Comme Tantale dans l’Enfer ;

Je suis comme ce pauvre diable
Que ses parents laissent héritier,
Au moment qu’il n’a plus de cas
À son service, ni de dents.


À LA LOUANGE DES TÉTINS

De même que j’ai toujours appelé pain le pain,
Ainsi vous dis-je qu’au milieu de ces eaux salées,
J’ai vu deux tétins tels que, pour voir les pareils,
Il faudrait passer les monts, les mers, les plaines.

Ils se tiennent écartés l’un de l’autre,
Et ne font ni fluctuation ni ballottage ;
Dans leur blancheur l’œil se confond,