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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/292

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

MOYEN DE RETROUVER LES MOINES

Pour avoir des habits, des masques, des dominos
J’ai vu l’autre jour tous les Moines au Ghetto ;
Tels laissant là leur froc, et tels leur rochet
En gage, pour aller chez leurs putains.

Adieu cloîtres, adieu églises ! sont terminées
Toutes les dévotions, ils s’en vont à la noce ;
Les Moines ont le vilain défaut
De passer au fil du cas belles et laides.

Putains, femmes mariées, cuisinières bourgeoises,
Chambrières, ce sont toutes chasses réservées
À ces frocards, bons amis des bougresses.

Je voudrais que leur cas fut une épée,
Et que quand ces salopes le reçoivent,
Chaque poussée devînt une estocade.


DIALOGUE RELATIF AUX MOINES

« Laura, que te semble-t-il de l’Anzoletta,
» Depuis qu’elle est collée avec ce Moine ?
» Elle est bien vêtue, encore mieux chaussée,
» Et un de ces jours elle prendra le voile.

» Moi aussi, quand j’étais jeunette,
» Je me souviens que toute ma jeunesse je fus
» Bien vêtue, bien nourrie et mieux pelotée ;
» Avec les Moines je ne fus jamais pauvre.