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Page:L’Alcoran (traduction de Du Ryer).djvu/292

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286 L’ALCORAN.  

diray ; Ils ſ’en ſont allez enſemble, & lors qu’ils ont eſté dans le bateau, a rompu une planche, Moïſe luy a dit, tu as rompu ce vaiſſeau pour nous faire ſubmerger, c’eſt une choſe eſtrange, il luy a reſpondu, ne t’ay je pas dit que tu ne pourras pas participer ſuce moy ? Moïſe luy a reſpondu, excuſe-moy, & ne m’afflige pas, j’avois oublié ce que tu m’avois ordonné alls ſ’en font allez tous deux juſques à ce qu’ils ont rencontré un enfant qu’il a tué ; Moïſe luy a dit, tu as tüé un innocent qui n’avoit tué perſonne, tu as fait une choſe hors de raiſon & qui ne doit pas eſtre approuvée ; il luy a reſpondu, ne t’ay-je pas dit que tu ne pourras pas patienter avec moy ? Moïſe luy a dit, excuſe-moy encore cette fois, ſi je te demande quelque autre choſe abandonne-moy ; Ils ont ſuivy leur chemin juſques à un village où les habitans leur ont refuſé du pain, en ce temps ils ont rencontré une muraille ruinée qu’il a relevée ; Moïſe luy a dit, tu aurois eſt payé pour refaite cette muraille ſi tu avois voulus il luy a repondu, or ſus voicy le lieu de noſtre ſeparation, neantmoins je t’expliqueray ce que tu as eſté impatient d’apprendre. Ce bateau eſt à deux pauvres hommes qui travaillent à la mer pour gagner leur vie, je l’ay voulu percer pour le conſerver à ces pauvres gens, par ce qu’il y avoit un Prince infidelle qui prenoit par force les bons vaiſſeaux pour ſon ſervice. Cét enfant que j’ay tué eſt un idolatre, enfant d’un vray-croyant homme de bien, nous avons eu peur qu’il