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Page:L’Humanité nouvelle, 1901.djvu/3

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LE MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE MACÉDONIEN
SES CAUSES. - SA SITUATION

La tourmente révolutionnaire en Macédoine résulte de causes multiples. Les unes découlent du régime politique, inauguré par les Turcs depuis la conquête et aggravé jusqu’aux dernières limites du possible par le sultan régnant ; les autres se rattachent aux tendances universelles de l’évolution économique moderne. On les a généralement confondues. 11 faudrait pourtant les distinguer afin de faire ressortir avec plus de netteté ce qu’il y a d’accidentel et, par conséquent, d’éliminable dans cette crise sociale excessivement aiguë qui a déterminé le mouvement insurrectionnel en Macédoine.

Le régime turc a toujours été détestable dans cette province, comme partout dans l’empire ottoman. Les réformes imposées aux sultans par la diplomatie occidentale, soucieuse de régénérer l’empire, de le rendre viable, sont restées lettres closes. Aucune de ces promesses, si solennellement proclamées dans les actes impériaux, n’a été mise à exécution. Les sultans se sont contentés d’emprunter à l’Europe le mécanisme apparent de ses institutions administratives, lesquelles, transportées sur le sol turc, sont restées des cadres vides sans nulle portée réelle. De véritables réformes ont été seulement tentées dans l’instruction militaire de l’armée et dans les armements. Pour le reste, l’ancien régime continue avec toutes ses traditions d’arbitraire, d’incurie et d’irresponsabilité.

Faisons une revue rapide des principales branches de l’administration générale de l’empire.

Le fisc est plus que jamais défectueux et oppressif. Les soulagements qui, dans l’esprit des chartes octroyées par les sultans, telles que le hatli-houmayoun, devaient être apportés à la situation des contribuables, n’ont pas été mis en application. La contribution capitale, - impôt payé exclusivement par les chrétiens, — qui a été abrogée par de nombreux iradés, subsiste toujours. Elle a été aggravée en ce sens que même les mineurs et les vieillards âgés de plus de soixante ans, qui en étaient exemptés il y a une cinquantaine d’années, sont maintenant imposés. La dîme est adjugée à des fermiers qui la fixent arbitrai-

5e ANNÉE, XLIII.