Aller au contenu

Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
L’AMOUR SAPHIQUE

Quand elle commença à se masturber, l’idée qu’elle commettait quelque chose de défendu amena fatalement dans son cerveau la pensée que « l’homme » la punirait. L’image de son père s’allia donc involontairement à la volupté qu’elle s’accordait. Et, tout naturellement, l’angoisse sensuelle prit dans son esprit la forme d’épouvante personnifiée par l’être qu’elle craignait le plus au monde.

Par une association d’idées auxquelles elle ne pouvait qu’obéir, son roman sensuel à elle était lié à son père.

Avec un effroi plein de délices, elle l’imaginait s’approchant d’elle, la transperçant de son regard sévère, énigmatique, prononçant des paroles dont le sens lui demeurait étranger, puis, tout à coup — et ceci coïncidait avec le spasme — l’attachant pour la battre, la torturer, la faire mourir.

Pour « Henriette », l’impression qui s’alliait à la volupté était la terreur du naufrage. La plus grande épouvante de son existence de fillette avait été une promenade en mer assez périlleuse, et c’était cette impression qui, dans l’orgasme, revenait s’imposer à elle.

Une autre, particulièrement impressionnée par l’incendie, se voyait, au moment du spasme, environnée de flammes. De ses lèvres montaient