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Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/24

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Ce qui est vrai pour toutes les époques l’est particulièrement pour les temps anciens, avant que, mûrie par l’expérience et obéissant à l’évolution naturelle, leur réflexion fût devenue plus exigeante et s’ordonnât dans les formes scolastiques.

Là où M. Dahlmann découvre un effort puissamment concentré, la Bhagavadgîtâ, dans ses incohérences, offre l’image évidente d’une pensée inconsistante, dispersée. C’est, je pense, de la nature, des conditions du mouvement religieux dont relèvent ces spéculations, que se dégage leur vrai caractère. Ce mouvement correspond à ce que j’appellerais la période épique, l’âge où, au déclin des temps védiques, se sont formés et combinés les courants qui ont abouti au type classique du brahmanisme.

Les limites chronologiques n’en sont rien moins que précises. Ce qui est sûr, c’est que, de bonne heure, au-dessous du niveau marqué pour nous par la tradition, ésotérique en un sens, des brâhmanas, des vieilles upanishads, naquirent ou se propagèrent des idées, des cultes nouveaux. La littérature sacerdotale fut plus ou moins lente à se les approprier ; mais, en somme, ils fournirent l’armature de la religion générale du pays. Issus, sans doute, de germes populaires, accueillis et fécondés par les dirigeants des hautes classes, ils