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Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/34

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les cadres solides de la vie religieuse, lui fournissaient ses éléments les plus actifs, les plus tourmentés de besoins de piété et de méditation. De ce milieu, elle reçut le trésor composite des traditions scolaires. Mais pour que cet héritage s’unifiât, au moins extérieurement, pour qu’il s’individualisât en une secte, il fallait le ressort d’une force propre, comme un pôle de cristallisation.

Partout, mais en Inde plus qu’ailleurs, une secte naît et croît parfaitement sans achever un système original de conceptions qui embrassent tous les problèmes de la conscience religieuse. Une orientation particulière peut suffire. Voyez le Bouddhisme des origines. Il paraît, du fait de son fondateur, avoir bénéficié d’une impulsion personnelle puissante ; il prit vite l’importance d’une véritable religion. Combien, cependant, il proclame peu de théorèmes neufs ! Combien peu il s’appuie sur des spéculations explicites ! Combien, son principe moral posé, il se satisfait souvent avec des énumérations et des formules peu chargées de pensée religieuse originale ! Quelle ne fut pas cependant sa fortune !

Cette force d’une inspiration dominante, ardente et jeune, la Bhagavadgîtâ la possède au plus haut point. Aux différents moyens de salut — que j’ai signalés — auxquels elle se réfère et qu’elle ne se