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Page:La Blondine ou avantures nocturnes entre les hommes et les femmes, 1762.djvu/63

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qu’elles ont la peau du corps fort polie. Mademoiſelle la Roſe eſt blanche comme un lis et celle-ci Mademoiſelle Rineil eſt tout-a-fait brune ; vous ririez Toinette, ſi je vous racontois ce qui leur arriva à toutes deux, la première nuit de leurs nôces, comme l’une étoit froide et inſenſible, l’autre étoit ardente dans le debat. Mais achevons auparavant le portrait d’une belle femme, presque tous les hommes ſont d’accord des qualitès, que doivent avoir la bouche, les levres et les dents ; ils diſent qu’une petite bouche, eſt le veritable point de l’inclination et que les femmes qui l’ont de la ſorte, ont les parties naturelles d’enbas fort petites et peu ouvertes, c’eſt le ſentiment de tout ; néanmoins c’eſt en quoi ils s’abuſent, et L’Orange s’eſt plaint d’avoir été trompé par là ; il épouſa Mademoiſelle Poquinette, dont la bouche étoit ſi petite, qu’elle en étoit admirée de tous ceux qui la voïoient. Eh bien ! la première nuit de leurs nôces Monſieur L’Orange qui eſpéroit que la partie naturelle auroit du rapport avec la petite bouche, étoit fort ſurpris de voir une porte cochere, oû il entroit ſans difficulté. O la belle bouche ! dit-il à ſa femme en la baiſant, mais qu’elle eſt fort trompeuſe ! faites en ſorte ma chère Poquinette, continua-il qu’elle ne me trompe pas dans les autres choſes, comme elle m’a trompé dans celle-ci. Eh quoi ! interrompit-elle, quel ſujet avez-vous de vous plaindre ? on ne vous a point trompé et ſi vous étes ſi au large, ce n’eſt pas que je ſois trop ouverte, mais cela vient que votre inſtrument eſt trop petit. L’Orange en ſourit et acheva l’affaire : pour les levres, je n’en trouve point de plus beau modèle, que les tiennes, elles ſont rouges