Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/169

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l’office du Roi de tenir l’œil, non pas pour usurper rien de l’autorité ecclésiastique, mais pour [la] conserver en son état. Il n’y a rien qui soit contre les constitutions ecclésiastiques, mais au contraire qui ne soit clairement conforme aux conciles et saints décrets. Or, sait-on bien qu’en France, le Roi qui est protecteur de l’Église gallicane, peut empêcher qu’on y contrevienne, et l’a toujours ainsi fait. Or, à cette occasion, en ses cours de Parlement, on y débat ordinairement les dispenses des Papes et les provisions qui sont contraires aux saints décrets ; et les gens du Roi interjettent appellation des ressorts octroyés contre les conciles, et aux états derniers le Roi n’a pas craint d’ordonner une certaine forme pour l’eslation des évêques, en quoi sans doute consiste la plus grande part de l’état ecclésiastique, et plusieurs autres édits ont été faits, en répondant aux cahiers, qui tendent à même fin. On doit donc faire comme les bons et savants médecins, qui trouvent aux plus venimeux animaux et aux herbes les plus mauvaises quelque chose de bon pour la santé ; et nous aussi, du malheur de ce temps tirerons cette commodité qu’on pourra régler l’Église, sinon du tout, au moins aucunement, pour ce qu’elle se laissera panser(¹) à cause de sa faiblesse, là où étant en sa prospérité, elle n’eût jamais souffert la main du