Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/179

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excepté quelques-unes, et bien peu, leurs congrégations sont petites au respect des assemblées de notre Église. Ce qui fait estimer grande leur multitude en beaucoup d’endroits, c’est non pas le nombre, mais l’insolence, et aussi toujours, quoique ce soit, dix qui font quelque chose de nouveau paraissent plus que cent vivants à la commune façon et accoutumée.

Tous nos voisins étrangers nous donneront tant de loisir que nous voudrons pour abolir cette division et ôter l’Église nouvelle et réformer celle de nos prédécesseurs, là où, faisant le contraire, il est à craindre qu’ils empêchent l’exécution de quelque autre conseil qu’on saurait prendre. Il y a donc bien grande différence de faire une chose avec loisir et sûreté et paix et repos, en laquelle nous serons favorisés de tous les princes qui nous peuvent aider, ou nuire, ou attendre un remuement auquel ils nous donneront empêchement de tout leur pouvoir.

La reine Marie d’Angleterre a remis la religion ancienne, du tout abolie par le roi Édouard, et a bien pu y ranger son peuple, de son naturel barbare et rebelle ; et si ne réforme aucunement l’ancienne. Comment estime-t-on que le Roi l’entretienne, même en la réformant, vu que la plus grande part de son peuple la tient encore ?

Davantage, il est tout certain que la nouveauté