Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/202

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sa belle-fille, et lui dit : « Ma fille vous n’avez pas grand besoin de mes avertissements, ayant une telle mère, que j’ai trouvée si sage, si bien conforme à mes conditions et volontés, ne m’ayant jamais fait nulle faute. Vous serez très bien instruite d’une telle maîtresse d’école. Et ne trouvez point étrange si moi, qui ne vous attouche d’aucune parenté, me soucie et me mêle de vous. Car étant fille d’une personne qui m’est si proche, il est impossible que tout ce qui vous concerne ne me touche aussi. Et pourtant ai-je toujours eu tout le soin des affaires de Monsieur d’Arsac, votre frère, comme des miennes propres. Vous avez de la richesse et de la beauté assez : vous êtes damoiselle de bon lieu. Il ne vous reste que d’y ajouter les biens de l’esprit, ce que je vous prie vouloir faire. Je ne vous défends pas le vice qui est tant détestable aux femmes, car je ne veux pas penser seulement qu’il vous puisse tomber en l’entendement : voire je crois que le nom même vous en est horrible. Adieu, ma belle-fille. »

Toute la chambre était pleine de cris et de larmes, qui n’interrompaient toutefois nullement le train de ses discours, qui furent longuets. Mais après tout cela il commanda qu’on fit sortir tout le monde, sauf sa garnison, ainsi nomma-t-il les filles qui le servaient. Et puis, appelant mon