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Page:La Brochure mensuelle - Année 1923 - Numéros 1 à 12B.djvu/225

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Le coup de pouce initial une fois donné, la formidable machine une fois mise en branle, il n’y avait plus qu’à l’abandonner à elle-même, sans crainte d’accident possible.

Pourquoi cet ingénieur, ce mécanicien, dont le rôle est de surveiller la machine, de la diriger, d’intervenir quand il le faut et d’apporter à la machine en mouvement les retouches nécessaires et les réparations successives ? Cet ingénieur eût été inutile, ce mécanicien sans objet.

Dans ce cas, pas de Gouverneur.

Si le Gouverneur existe, c’est que sa présence, sa surveillance, son intervention sont indispensables.

La nécessité du Gouverneur est comme une insulte, un défi jeté au Créateur ; son intervention atteste la maladresse, l’incapacité, l’impuissance du Créateur.

Le Gouverneur nie la perfection du Créateur.


deuxième argument :

La multiplicité des Dieux atteste qu’il n’en existe aucun

Le Dieu Gouverneur est et doit être puissant et juste, infiniment puissant et infiniment juste.

Je prétends que la multiplicité des Religions atteste qu’il manque de puissance et de justice.

Négligeons les dieux morts, les cultes abolis, les religions éteintes. Celles-ci se chiffrent par milliers et par milliers. Ne parlons que des religions en cours.

D’après les estimations les mieux fondées, il y a, présentement, huit cents religions qui se disputent l’empire des seize cents millions de consciences qui peuplent notre planète. Il n’est pas douteux que chacune s’imagine et proclame que, seule, elle est en possession du Dieu vrai, authentique, indiscutable, unique, et que tous les autres Dieux sont des Dieux pour rire, de faux Dieux, des Dieux de contrebande et de pacotille, qu’il est œuvre pie de combattre et d’écraser.

J’ajoute que, n’y eût-il que cent religions au lieu de huit cents, n’y en eût-il que dix, n’y en eût-il que deux, mon raisonnement garderait la même vigueur.

Eh bien ! je dis que la multiplicité de ces Dieux atteste qu’il n’en existe aucun, parce qu’elle certifie que Dieu manque de puissance ou de justice.

Puissant, il aurait pu parler à tous aussi aisément qu’à quelques-uns. Puissant, il aurait pu se montrer, se révéler à tous sans plus d’efforts qu’il ne lui en a fallu pour se révéler à quelques-uns.