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Page:La Brochure mensuelle - Année 1923 - Numéros 1 à 12B.djvu/227

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La multiplicité des religions proclame donc que Dieu manque de puissance ou de justice. Or, Dieu doit être infiniment puissant et infiniment juste ; les croyants l’affirment ; s’il lui manque un de ces deux attributs : la puissance ou la justice, il n’est pas parfait ; s’il n’est pas parfait, il n’existe pas.

La multiplicité des Dieux démontre donc qu’il n’en existe aucun.


troisième argument :

Dieu n’est pas infiniment bon : l’Enfer l’atteste

Le Dieu Gouverneur ou Providence est et doit être infiniment bon, infiniment miséricordieux. L’existence de l’enfer prouve qu’il ne l’est pas.

Suivez bien mon raisonnement : Dieu pouvait — puisqu’il est libre — ne pas nous créer ; il nous a créés.

Dieu pouvait — puisqu’il est tout-puissant — nous créer tous bons ; il a créé des bons et des méchants.

Dieu pouvait — puisqu’il est bon — nous admettre tous dans son paradis, après notre mort, se contentant de ce temps d’épreuves et de tribulations que nous passons sur la terre.

Dieu pouvait enfin — parce qu’il est juste — n’admettre dans son paradis que les bons et en refuser l’accès aux pervers, mais anéantir ceux-ci à leur mort plutôt que de les vouer à l’enfer.

Car, qui peut créer peut détruire ; qui a le pouvoir de donner la vie a celui d’anéantir.

Voyons : vous n’êtes pas des Dieux. Vous n’êtes ni infiniment bons, ni infiniment miséricordieux. J’ai, pourtant, la certitude, sans que je vous attribue des qualités que vous ne possédez peut-être pas, que, s’il était en votre pouvoir, sans qu’il vous en coûtât un effort pénible, sans qu’il en pût résulter pour vous ni préjudice matériel, ni dommage moral, si, dis-je, il était en votre pouvoir, dans les conditions que je viens d’indiquer, d’éviter à un de vos frères en humanité, une larme, une douleur, une épreuve, j’ai la certitude que le feriez. Et cependant, vous n’êtes ni infiniment bons, ni infiniment miséricordieux !

Seriez-vous meilleurs et plus miséricordieux que le Dieu des Chrétiens ?

Car enfin, l’enfer existe. L’Église l’enseigne ; c’est l’horrifique vision à l’aide de laquelle on épouvante les enfants, les vieillards et les esprits craintifs, c’est le spectre qu’on installe aux chevets des agonisants, à l’heure où l’approche de la mort leur enlève toute énergie et toute lucidité.