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Page:La Brochure mensuelle - Année 1923 - Numéros 1 à 12B.djvu/230

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sable. Dieu n’a pas voulu que l’homme soit un automate, une machine, qu’il agisse fatalement. En le créant il lui a donné la liberté ; il en a fait un être entièrement libre ; de la liberté qu’il lui a généreusement octroyée, Dieu lui a laissé la faculté de faire, en toutes circonstances, l’usage qu’il voudrait ; et, s’il plaît à l’homme, au lieu de faire un usage judicieux et noble de ce bien inestimable, d’en faire un usage odieux et criminel, ce n’est pas Dieu qu’il faut en accuser, ce serait injuste ; il est équitable d’en accuser l’homme. »

Voilà l’objection ; elle est classique.

Que vaut-elle ? Rien.

Je m’explique :

Distinguons d’abord le mal physique du mal moral.

Le mal physique, c’est la maladie, la souffrance, l’accident, la vieillesse avec son cortège de tares et d’infirmités, c’est la mort, la perte cruelle de ceux que nous aimons ; des enfants naissent qui meurent quelques jours après sans avoir connu autre chose que la souffrance ; il y a une foule d’êtres humains pour qui l’existence n’est qu’une longue suite de douleurs et d’afflictions, en sorte qu’il vaudrait mieux qu’ils ne fussent pas nés ; c’est, dans le domaine de la nature, les fléaux, les cataclysmes, les incendies, les sécheresses, les famines, les inondations, les tempêtes, toute cette somme de tragiques fatalités qui se chiffrent par la douleur et la mort.

Qui oserait dire de ce mal physique que l’homme doit en être rendu responsable ?

Qui ne comprend que, si Dieu a créé l’Univers, si c’est lui qui l’a doté des formidables lois qui le régissent et si le mal physique est l’ensemble de ces fatalités qui résultent du jeu normal des forces de la Nature, qui ne comprend que l’auteur responsable de ces calamités, c’est, en toute certitude, celui qui a créé cet Univers, celui qui le gouverne ?

Je suppose que, sur ce point, il n’y a pas de contestation possible.

Dieu qui gouverne l’Univers est donc responsable du mal physique.

Cela seul suffirait, et ma réponse pourrait s’en tenir là.

Mais je prétends que le mal moral est imputable à Dieu au même titre que le mal physique, puisque, s’il existe, il a présidé à l’organisation du monde moral comme à celle du monde physique et que, conséquemment, l’homme, victime du mal moral comme du mal physique, n’est pas plus responsable de l’un que de l’autre.

Mais il faut que je rattache ce que j’ai à dire sur le mal