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Page:La Brochure mensuelle - Année 1923 - Numéros 1 à 12B.djvu/234

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se flattent de représenter sur la terre et qu’ils tentent d’imposer à notre vénération.

Il n’y a pas, il ne peut y avoir d’équivoque. C’est ce Dieu que je nie ; et, si l’on veut discuter utilement, c’est ce Dieu qu’il faut défendre contre mes attaques.

Tout débat sur un autre terrain sera, — je vous en préviens, car il faut que vous vous mettiez en garde contre les ruses de l’adversaire — tout débat sur un autre terrain sera une diversion et sera, par surcroît, la preuve que le Dieu des religions ne peut être défendu, ni justifié.

J’ai prouvé que, comme Créateur, il serait inadmissible, imparfait, inexplicable ; j’ai établi que, comme gouverneur, il serait inutile, impuissant, cruel, odieux, despotique ; j’ai montré que, comme justicier, il serait un magistrat indigne, violant les règles essentielles de la plus élémentaire équité.

CONCLUSION

Tel est pourtant le Dieu que, depuis des temps immémoriaux, on a enseigné et que, de nos jours encore, on enseigne à une multitude d’enfants, dans une foule de familles et d’écoles. Que de crimes ont été commis en son nom !

Que de haines, de guerres, de calamités ont été furieusement déchaînées par ses représentants ! Ce Dieu, de quelles souffrances il a été la source ! quels maux il engendre encore !

Depuis des siècles, la Religion tient l’humanité courbée sous la crainte, vautrée dans la superstition, prostrée dans la résignation.

Ne se lèvera-t-il donc jamais le jour où, cessant de croire en la Justice éternelle, en ses arrêts imaginaires, en ses réparations problématiques, les humains travailleront, avec une ardeur inlassable, à l’avènement, sur la terre, d’une Justice immédiate, positive et fraternelle ?

Ne sonnera-t-elle donc jamais l’heure où, désabusés des consolations et des espoirs fallacieux que leur suggère la croyance en un paradis compensateur, les humains feront de notre planète un Eden d’abondance, de paix et de liberté, dont les portes seront fraternellement ouvertes à tous ?

Trop longtemps, le contrat social s’est inspiré d’un Dieu sans justice ; il est temps qu’il s’inspire d’une justice sans Dieu. Trop longtemps, les rapports entre les nations et les individus ont découlé d’un Dieu sans philosophie ; il est temps qu’ils procèdent d’une philosophie sans Dieu. Depuis