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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/103

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introduction, § x.

poème, et il y a lieu de croire — j’en ai donné les raisons au chapitre précédent — qu’il n’a pas été continué.

Je crois avoir démontré par l’examen des récits ou, si l’on veut, des scènes dont se compose la seconde partie du poème, que l’œuvre du second auteur est une source historique très originale et toujours très digne de foi. Je désire cependant répondre d’avance à deux observations que ne manquera pas de faire tout lecteur attentif, et qui semblent, à première vue, diminuer l’autorité de l’ouvrage en tant que document pour l’histoire. La première de ces deux observations concerne les discours dont le second poème est parsemé et qui ont évidemment, au moins pour la plupart, le caractère de créations poétiques. Je l’admets, m’empressant toutefois de remarquer que le jugement qu’il est légitime de porter sur ces discours ne doit aucunement être étendu aux récits eux-mêmes. Il se peut que le poète ait un peu fait parler à sa guise les personnages qu’il mettait en scène : les nécessités de la composition littéraire l’ont amené à suivre en cela, probablement sans qu’il en eût conscience, l’exemple des historiens de l’antiquité ; mais il n’y a aucune raison de croire qu’il ait fait agir les acteurs du drame d’une façon contraire à la vérité ; nous avons même lieu de penser, comme je crois l’avoir montré, que son récit est partout très véridique, et c’est ce qui importe le plus. En outre, — ce point a déjà été touché précédemment à propos de la scène entre Simon et le messager de la comtesse, — ces discours, quoique peu acceptables dans la forme, sont la plupart du temps vraisemblables quant au fond. Assurément le comte de Toulouse et ses adhérents ne parlaient pas en vers, et les croisés s’exprimaient en français plutôt qu’en provençal, mais les uns comme les autres ont dû bien sou-