Aller au contenu

Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
c
introduction, § xi.

M. Michel a raison au fond, mais la preuve n’est pas aussi forte qu’il le croit. Actuellement la langue usitée à Pampelune est le castillan, mais à très peu de distance, dans la direction du nord, règne le basque. Or, on a pu constater que depuis le commencement de ce siècle le basque a perdu beaucoup de terrain, reculant devant le castillan. Il n’y a pas plus de soixante ans qu’on parlait encore basque au sud de Pampelune, notamment à Puente de la Reina et à Olite[1]. Ajoutons que la plupart des noms de lieux, jusqu’au Rio Aragon, à 50 kilomètres environ au sud de Pampelune, sont basques. On peut donc considérer comme établi que Pampelune était en plein pays basque. On devait cependant y entendre aussi le roman de la Castille et de l’Aragon, par suite des relations avec ces pays. Et comme le basque ne fut jamais employé au moyen âge comme langue écrite, il est naturel que les actes qu’on n’écrivait pas en latin aient été rédigés en roman. Les documents romans cités par M. Michel ne sauraient donc justifier la conclusion qu’il en tire, d’autant plus que de ces actes l’un est catalan[2] tandis que les autres sont en castillan[3]. Le castillan et le catalan peuvent avoir été écrits et parlés à Pampelune, mais il y aurait contradiction dans les termes à admettre qu’ils y aient coexisté l’un et l’autre avec la qualité d’idiome local et naturel de la ville. Laissons donc Pampelune de côté. Tudèle, sur la rive droite de l’Èbre, était dès le moyen âge en dehors du territoire où régnait le basque. On y parle

  1. Voy. les recherches de M. Broca, Revue d’anthropologie, IV (1875), 43.
  2. C’est un acte de 1303, Hist. de la guerre de Navarre, p. 375-6.
  3. Ibid., p. 400, 441, 529, 541, 544 (pièce écrite par un « Martin Garceytz de Tudela »), 576, etc. D’autres pièces nous montrent le castillan en usage à Olite (p. 382, 392), à Estella (p. 501), etc.