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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/144

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croisade contre les albigeois.

guerre, de ne pas lui mouvoir querelle, et que tous deux soient à la défense, afin qu’eux ni le pays ne tombent dans la ruine. Celui-ci répond non par oui, mais par non. [200] Ils se quittent en mauvais termes, et le comte s’en va irrité, et se rend en Provence, à Arles et à Avignon.

Seigneurs, maintenant se renforcent les vers de la chanson qui fut bien commencée l’an de l’Incarnation du Seigneur Jésus-Christ, sans mot de mensonge, [205] où il y eut 1210 ans qu’il vint en ce monde ; et ce fut en mai, quand fleurissent les buissons. Maître Guillaume la fit à Montauban où il fut[1]. Certes, s’il avait bonne chance ou don, comme ont tant de fous jongleurs, tant de mauvais gars, [210] certes aucun prudhomme courtois ne devrait faillir à lui donner cheval ou palefroi breton pour le porter doucement par le sablon, ou vêtement de soie, paile, ou ciglaton ; mais nous voyons le monde tourner à mal, [215] à tel point que les riches hommes mauvais, qui devraient être preux, ne veulent donner la valeur d’un bouton. Et moi je ne leur demande pas la valeur d’un charbon de la plus méchante cendre qu’il y ait au foyer. Dieu les confonde, qui fit le ciel et l’air, [220] et sainte Marie mère ![2]

    qui, dans un acte de mai 1204 (Doat LXII, 9), se déclare « majorem decem et octo annis. »

  1. Cf. p. 2, note.
  2. Ces plaintes contre l’avarice des seigneurs, considérée comme un signe de décadence, sont une sorte de lieu commun auquel il faut se garder d’attribuer trop d’importance. Dès le milieu du xiie siècle, Vuace oppose la parcimonie des seigneurs de son temps à la libéralité de leurs devanciers : voy. mon Choix d’anciens textes, p. 294, v. 143 ss.