Seigneurs, cette ost fut commencée ainsi que vous avez ouï en la geste écrite. L’abbé de Cîteaux fut en la chevauchée, avec lui les archevêques et mainte gent lettrée, [260] de sorte que leur défilé, lorsqu’ils sont campés, et qu’ils vont à un conseil ou à quelque assemblée, dure plus que l’ost de Milan[1] quand elle est toute réunie. De l’autre part chevauche avec toute sa mesnie le preux duc de Narbonne[2], son enseigne déployée ; [265] et le comte de Nevers a élevé sa bannière, et le comte de Saint-Pol[3] avec belle gent armée, et le comte P. d’Auxerre[4] avec toute sa mesnie, et le comte Guillaume de Genève[5] d’une terre riche ; Adémar de Poitiers, qui est en guerre [270] avec le comte de Forez, guerre qui souvent se renouvelle, avec la gent
- ↑ L’auteur fait peut-être allusion ici à un événement qui se produisait au temps même où il écrivait : à la guerre des Milanais contre les habitants de Crémone et de Pavie, en 1213. Cependant, au v. 1940, Milan intervient comme un terme de comparaison banal, sans allusion à aucun fait en particulier.
- ↑ Il n’y avait pas de duc de Narbonne ; il est probable que le copiste aura écrit Narbona pour Bergonha : cf. v. 170.
- ↑ Gauchier de Châtillon ; voy. Art de vér. les dates, II, 775.
- ↑ Pierre de Courtenai, petit-fils de Louis le Gros, comte d’Auxerre par son mariage avec Agnès, héritière des comtes de Nevers et d’Auxerre, mort empereur de Constantinople en 1219.
- ↑ Guillaume II, qui paraît n’avoir porté officiellement le titre de comte qu’à partir de 1219, voy. le Regeste genevois, publié par la Société d’histoire et d’archéologie de Genève (1866), n° 574. Le plus ancien acte qu’on ait de lui, où il est qualifié de vir prudens et nobilis, est de 1205 (Regeste genevois, n° 492). On n’a pas d’autre témoignage que celui de la chanson sur sa participation à la croisade.