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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/21

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introduction, § iii.

chroniques. La littérature historique de cette époque, au moins jusqu’au xiiie siècle, est sortie presque tout entière des monastères. Mais il s’en faut que tous les établissements religieux aient apporté leur contribution à l’histoire du temps. Pour mettre en écrit les annales contemporaines, pour avoir seulement l’idée de le faire, il fallait posséder une culture littéraire et des traditions qui paraissent avoir été fort rares dans le Midi de la France. Si quelques maisons religieuses nous ont laissé des monuments historiques — citons par exemple l’abbaye de Saint-Martial de Limoges et le prieuré du Vigeois — on remarquera qu’elles appartiennent aux contrées les plus voisines des pays de langue d’oui. Tous les témoignages en effet s’accordent à montrer que les études, partout profondément désorganisées par l’invasion barbare, ne se sont pas relevées dans la même mesure au Midi qu’au Nord. On ne voit pas que les pays de langue d’oc aient participé d’une manière appréciable au mouvement littéraire et philosophique qui est si marqué dans la France du Nord dès le xie siècle. Il n’y avait en préparation dans le Midi, au moment où la guerre éclata, aucune série d’annales tant soit peu importantes où un récit de la croisade pût prendre place, et l’idée de rédiger l’histoire des terribles événements de cette guerre ne paraît être venue à aucun écrivain latin du pays parmi ceux qui en furent les témoins. Les chroniques de Guillaume de Puylaurens et de Bernart Gui, celui-ci chef de l’inquisition de Toulouse au commencement du xive siècle, tous deux méridionaux, n’ont été rédigées qu’assez longtemps après les événements, et celle du second notamment n’est qu’une compilation dénuée d’originalité.

Il n’existe que deux chroniques ayant pour objet spécial ou principal la croisade albigeoise : celle de Pierre de Vaux-