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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/234

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croisade contre les albigeois.

lui donner pénitence et le faire confesser : il n’y a pas deux jours qu’il reçut la pénitence, aussi crois-je que Jésus-Christ voudra lui pardonner. [1855] Quand les Français le virent, tous vont à son secours ; mais les félons mainadiers commencèrent à tourner casaque quand ils virent ceux de l’ost venir et se presser : ils savent bien en leur cœur qu’ils ne pourraient leur résister ; ce qu’ils ont conquis ils le peuvent emporter sans peine[1], [1860] sinon qu’ils ont tué un homme pour lequel bien des larmes furent versées, car c’était un homme puissant et de grande importance[2]. Ses hommes font porter son corps en sa terre, pour l’y faire enterrer avec honneur. Au matin, à l’aube, quand le jour clair paraît, [1865] après avoir quinze jours durant coupé les vignes, ils se mettent à lever pavillons et tentes, car, à mon escient, ils changeront de lieu : les vivres sont trop chers, et ne peuvent leur suffire : un pain [suffisant] pour un petit dîner vaut bien deux sols. [1870] Sans les fèves, ils n’auraient eu de quoi manger, et sans les fruits des arbres, quand ils en peuvent trouver[3]. Il se mettent à marcher contre

  1. C’est ironique.
  2. Eustache de Caux.
  3. « Facta est caristia magna in exercitu, deficientibus victualibus. » P. de V.-C. en. LV ; Bouquet, 49 b. — Nous ne savons pas exactement quand le siége fut levé, ni combien de temps il dura. Il n’est pas probable toutefois qu’il se soit prolongé beaucoup au-delà des quinze jours mentionnés par G. de Tud. Nous savons qu’il n’était pas commencé le 5 juin, car nous avons de ce jour un acte passé « in exercitu Domini juxta ripam Tarni » (Molinier, Catalogue, n° 44) ; et qu’il se poursuivait le 20 et le 22 juin, puisque deux actes de Simon de Montfort, datés de ces deux jours, contiennent la mention « in obsidione Tolose » (Molinier, Catal. nos 45 et 46).