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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/250

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croisade contre les albigeois.

des épées tranchantes, tellement qu’ils leur font grand mal. Ils en laissent cent de morts qui ne verront plus la Noël, et à qui carême ni carnaval ne feront ennui. [21 30] Le fils du châtelain qui tenait Lavaur[1] fut frappé là d’une flèche par le nasal[2] et par l’œillère du heaume, tellement que le coup fut mortel. Il tomba mort à terre devant le sénéchal[3] à cette attaque.

XCVIII.

[2135] Monseigneur Bouchart éperonne, comme je vous ai dit, par la route, et les Français avec lui qui attaquent dans la masse la plus épaisse de ceux de l’ost. À haute voix chacun des siens crie « Montfort ! » et lui, au dessus de tous, « Dame sainte Marie[4] ! » [2140] Et le comte de Foix [est] de çà avec ses barons. Là vous auriez vu alors tant de targes brisées, et tant de lances rompues par la prairie, la terre en est jonchée, et tant de bons chevaux détachés que personne ne tenait aller empêtrés [dans leurs guides] parmi la prairie[5] ! [2145] Les hommes de Martin Algai, quoi qu’on vous en puisse dire, s’enfuirent avec lui à cette attaque, [et restèrent à l’écart] jusqu’à ce que la bataille fût gagnée, et [alors] il dit qu’il venait de la poursuite des routiers ; ils couvraient ainsi chacun leur grande lâcheté et leur vilenie. [2150] L’évêque de Cahors et les hommes sans armes s’enfuirent vers Fanjaux, à

  1. Cf. v. 2040 et 2215.
  2. Partie du heaume qui protégeait le nez.
  3. J’ignore qui était ce sénéchal.
  4. Cf. v. 2192-3.
  5. Traduit conformément à la correction proposée en note.