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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/28

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introduction, § iv.

qui, après le concile de Latran, se produisit en faveur du comte de Toulouse, il dira que jusqu’à ce jour l’armée catholique, qui avait poursuivi par tous les moyens l’extirpation de l’hérésie, avait été victorieuse à ce point qu’un seul croisé pouvait pour ainsi dire mettre en fuite mille ennemis. Mais Simon commet la faute de partager le Languedoc entre ses chevaliers, ceux-ci ne songent qu’à s’enrichir, et dès lors « Dieu les abreuva du calice de sa colère[1]. » Il attribue à la vengeance divine la mort du Français Foucaut de Berzi, « homme orgueilleux et d’une atroce cruauté[2], » et il voit dans les désastres subis par les croisés en 1220 et 1221, non pas aucune bienveillance de Dieu envers les ennemis de la croisade, mais la preuve de sa colère contre les croisés eux-mêmes[3]. D’ailleurs Guillaume est aussi convaincu que Pierre de Vaux-Cernai de la légitimité de la guerre en elle-même, du devoir qui s’impose aux catholiques d’exterminer les hérétiques. La différence d’appréciation entre lui et Pierre ne porte que sur un point : Pierre ne voit dans son parti aucun acte blâmable ; Guillaume en découvre un grand nombre. Il n’a point de parti pris d’admiration ou de blâme. En cela consiste sa modération.


Je ne quitterai pas Guillaume de Puylaurens sans appeler l’attention sur une circonstance qu’il est particulièrement à propos de signaler ici. Je veux parler de certaines rencontres qui donnent à croire que Guillaume a connu le poème de la croisade. Ces rencontres n’ont pas été remarquées jusqu’à présent, peut-être parce que les auteurs qui ont traité du chroniqueur latin, ou ont fait usage de sa chronique,

  1. Ch. XXVII.
  2. Ch. XXX.
  3. Ibid.