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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/282

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[1213]
croisade contre les albigeois.

récit, dont je vous ai écartés. [2740] Le roi Pierre d’Aragon donna une de ses sœurs au comte de Toulouse[1], et puis en maria une autre au fils de celui-ci[2] en dépit des croisés. Voici qu’il s’est mis en guerre : il dit qu’il viendra avec bien mille chevaliers, qu’il a tous soudoyés ; [2745] et s’il rencontre les croisés, il les combattra[3]. Et nous, si nous vivons assez, nous verrons qui l’emportera ; nous mettrons en récit ce dont nous serons informés, et écrirons encore tout ce dont il nous souviendra, autant que la matière s’étendra depuis l’heure présente [2750] jusqu’à la fin de la guerre.

    des éléments qui faisaient l’homme preux ; peut-être aussi y a-t-il une omission entre les vers 2737 et 2738.

  1. Eléonore d’Aragon, en 1200.
  2. Sancie d’Aragon, en 1211.
  3. L’intervention du roi d’Aragon ne se produisit pas d’une façon aussi abrupte. Ce prince s’étant rendu à Toulouse au commencement de janvier 1213 (circa festum Dominicæ apparitionis, P. de V.-C. ch. LXVI), obtint de Simon un armistice de huit jours, et adressa le 16 janvier aux évêques réunis en concile à Lavaur une respectueuse supplique en faveur des comtes de Toulouse, de Comminges, de Foix et de Gaston de Béarn, dépouillés de leurs terres par la croisade. P. de V.-C. (ch. LXVI) nous a conservé sa lettre et la dure réponse que lui firent les évêques le 18 janvier. Peu après, en se séparant, les mêmes prélats adressèrent au pape des lettres d’une violence inouïe contre le comte de Toulouse et ses adhérents (Innoc. epist. l. XVI, ep. XL et XLI). Ces lettres trouvèrent le souverain pontife « aliquantulum durum, eo quod nimis credulus fuisset falsis suggestionibus nuntiorum regis Aragonensium » (P. de V.-C. ch. LXVI, Bouq. 76 d). Pourtant il finit par révoquer les décisions qu’il avait prises en faveur du comte de Toulouse et des siens à la prière du roi d’Aragon, et adressa à ce dernier une lettre (l. XIV, ep. XLVIII) qui opposait une fin de non-recevoir à ses demandes. C’est alors, après avoir ainsi vainement tenté toutes les voies de conciliation, que le roi d’Aragon se décida à envoyer son défi à Simon (P. de V.-C. début du ch. LXVII).