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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/364

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croisade contre les albigeois.

mal comme du bien, rendez-lui grâces entières. Vous avez été placé dans ce monde pour souffrir patiemment les peines et les pertes. [4320] Toutefois, si on cherche à vous dépouiller, défendez-vous de votre mieux[1] ; car, puisque le mal et le bien sont abandonnés à votre choix, si vous perdez en ce monde, vous gagnerez en l’autre. Quant au chevalier qui est pendu à l’olivier, je vous dis qu’il est mort martyr du Christ, [4325] qui lui pardonne ses péchés[2], à lui et aux autres morts et blessés. » Mais Foucaut de Berzi a le premier dit son sentiment : « Par Dieu, sire évêque, vous jugez de manière à faire baisser le bien et à doubler le mal. [4330] C’est grande merveille comme vous autres lettrés, vous déliez et absolvez sans pénitence. Pourtant, si le mal devenait le bien, si mensonge était vérité, là où est orgueil serait humilité. Je ne croirai pas, à moins de meilleures preuves, [4335] qu’aucun homme soit digne s’il meurt sans confession. — Foucaut, » dit l’évêque, « il m’est pénible de vous en voir douter, car tout homme, quel qu’il soit, fût-il en état de

  1. C’est ce que précédemment (v. 3702-3) le pape disait au jeune comte de Toulouse.
  2. Ces mots semblent répondre à une plainte de Simon de Montfort au sujet de la mort de Guillaume de Berlit (v. 4288). Cependant le discours de Simon, tel qu’on vient de le lire, ne contient aucune allusion précise à cet événement. Il se pourrait donc qu’il n’eût pas été transcrit en entier, hypothèse qui pourrait s’appuyer dans une certaine mesure sur le témoignage de la rédaction en prose, où ce discours est ainsi analysé (p. 71) : « Adonc a assemblat son conseilh, ... als quals a tot demonstrat son affar, com lodit comte jove an sas gens l’an gectat vilenament del camy, et que ly avian tuat et pendut son home, e d’autra part ly te dedins lodit castel sas gens assetiats... »