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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/39

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introduction, § vi.

ces mss. dérivent l’un de l’autre, ou bien ont été copiés l’un et l’autre sur un même texte. En tout cas ils sont de la même famille et offrent une même lacune de plusieurs feuillets. Le ms. de Paris a été publié par D. Vaissète dans les preuves du tome III de l’Histoire de Languedoc, puis par D. Brial dans le t. XIX des Historiens de France ; le ms. de Toulouse a été publié, peu correctement, par Du Mège dans les additions et notes du livre XXIII de D. Vaissète (édit. de Du Mège, t. V)[1].

Cette sorte de traduction, écrite d’un style lourd et pédantesque, et qu’on a pu, non sans vraisemblance, regarder comme l’œuvre de quelque jurisconsulte inconnu[2], est loin d’être la représentation fidèle de l’original. L’auteur ne visait évidemment en aucune manière à faire œuvre de traducteur exact et consciencieux : son but n’était autre, selon toute vraisemblance, que de rédiger à peu de frais un livre d’histoire pour ses contemporains. Or comme le poème se compose de deux parties conçues dans un esprit opposé, il a cherché à rétablir dans les idées une sorte d’unité, et pour y parvenir, il a çà et là ajouté de son cru dans la première partie quelques remarques désagréables au sujet des croisés et de Simon de Montfort, et s’est au contraire attaché à supprimer ou du moins à atténuer les passages les plus violents de la seconde partie. Il se montre naturellement très-favorable au comte de Toulouse qu’il cherche à mettre en toute occasion à l’abri du soupçon. Ainsi, après avoir raconté le meurtre de Peire de Castelnau, il ajoute[3]

  1. Une nouvelle édition qui reproduit le texte de Vaissète complété, quant à la lacune, par celui de Du Mège, a paru à Toulouse en 1863 : Histoire anonyme de la guerre des Albigeois, nouvelle édition ... par un indigène [le marquis de Loubens]. Toulouse, Bompard. C’est cette édition que je cite.
  2. Fauriel, p. VII.
  3. Voy. au t. I la note du v. 91.