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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/412

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croisade contre les albigeois.

sant de mort tout homme qui les cacherait. Vous disperserez les otages par vos terres. Tout l’avoir que nous ou vous leur saurons, d’une façon ou d’une autre, vous vous en emparerez ; à l’aide de cet argent vous confondrez vos ennemis [5430] et enrichirez vous et votre lignage. Vous prendrez la Provence, la Catalogne, la Gascogne, et recouvrerez Beaucaire.

CLXXVII.

« Vous recouvrerez Beaucaire, sachez-le vraiment ! » Le comte de Montfort dit : « Je prendrai vengeance [5435] des Provençaux et de l’affront que j’ai reçu. » Puis, plein d’orgueil, il dit aux barons : « Je tiens ce conseil pour bon et valable ; j’anéantirai la ville. — Sire comte, » dit Tibaut, « vous avez du jugement, [5440] et vous pouvez bien connaître qui vous dit vrai ou vous ment : si vous abaissez Toulouse et ce qui en dépend, vous tiendrez en paix le reste du pays. — Tibaut, » dit le comte Gui, « vous parlez follement, lorsque vous conseillez au comte de commettre une faute ; [5445] car il aura beau livrer Toulouse aux flammes, n’y restât-il que le tiers de la population, il ne les tiendra pas longtemps sans trouble. — Sire comte, » dit Ferri[1], « je vous dirai ce que j’en pense : si vous laissez Toulouse en tel état [5450] que ses habitants demeurent, sans perte, puissants et riches, il leur souviendra de leurs

  1. « Ferricus » ou « Ferrinus » de Isseio est témoin, de 1214 à 1218, à diverses chartes concernant Simon ou Amauri de Montfort (Molinier, Catal. nos 49, 79, 101, 110, 167, 168, 183).