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croisade contre les albigeois.

en tel état que chaque jour je vois baisser mon prix et ma valeur. Il n’y a que deux alternatives, Dieu m’accorde la meilleure ! [7730] c’est, par Sainte Marie de Rocamadour, que la ville me tuera, ou c’est moi qui les tuerai ! — Comte, » dit le cardinal, « le Dieu que j’adore sait bien où est le droit et qui sont les pécheurs. »

La veille du dimanche, fête sacrée [7735] où Dieu donna aux apôtres clarté et splendeur, le comte Simon se lève de bon matin, à l’aube, avec sa belle compagnie et ses éclaireurs, pour détruire les vignes et les autres cultures, et occupe les champs du côté de l’orme de l’Oratoire[1]. [7740] Les barons de la ville, grands et petits, qui sont exercés aux armes et bons combattants, courent à l’envi garnir les abattis et tout le tour de la ville. Chevaliers et bourgeois, Brabançons bons guerriers [7745] et le vaillant peuple prêt au combat, sergents solides, dardiers et frondeurs, occupent les jardins et les vignes, les chemins et les places, et le beau champ de bataille. De part et d’autre on se rapproche ; [7750] les cris, les trompes, les cors, les tambours, l’éclat des heaumes, l’or s’alliant au blanc, affermissent les cœurs et accroissent la hardiesse : on voit venir ensemble, comme les feuilles avec les fleurs, l’orgueil, la cruauté, en même temps que les cavaliers ; [7755] et le ciel et la terre, l’air et la brume, frémissent et retentissent au son de l’acier. Les barons de Toulouse, témoins de

  1. P.-ê. l’oratoire du crucifix de la porte de Montoulieu, qui selon Catel (Mémoires de l’hist. du Languedoc, p. 193) se trouvait, encore au xvie siècle, « dans le fossé de la ville, joignant la porte de Montolieu qui est du costé des fauxbourgs. »